Mis en avant

L’Exclusion Sociale

« L’exclusion sociale est un concept très large englobant une multitude de situations et de réalités. Elle se traduit non seulement par un manque de moyens matériels, mais également par une incapacité à prendre part à la société aux points de vue social, économique, politique et culturel. De l’exclusion, il en existe donc plusieurs formes et à divers degrés. »

« Pour d’autres, l’exclusion est clairement un processus. « L’exclusion sociale n’est donc pas l’état d’une personne, mais un processus dynamique marqué par des étapes (non linéaires), des allers­retours, des singularités venant du contexte et de l’histoire de vie, mais qui, globalement, vont dans le sens d’un éloignement de la précarité, des pôles d’insertion, d’intégration, d’inclusion » (ROY, 2008, p. 19) »

« La plupart des théoriciens soutiennent les que l’exclusion sociale est un processus, non seule­ ment la condition tenant compte des résultats de ce processus. […] Il n’y a pas de seuil d’exclusion formelle à franchir, comme il en existe un pour la pauvreté. Au contraire, les individus se situent dans un continuum multidimensionnel et peuvent se déplacer vers l’inclusion dans un sens ou dans l’autre ou vers un cumul de ruptures sociales » (traduction libre, SILVER, 2007, p. i).

Une variété d’indicateurs peut donc être utilisée et traitée en fonction de la façon dont on décline le concept d’exclusion en dimensions. À titre d’exemple, Burchardt, Le Grand et Piachaud (SILVER, 2007) ont établi des indicateurs relatifs à quatre dimensions de la participation sociale dans les activités « normales » de la société : 1) la consommation (moins de la moitié du revenu moyen net des ménages) et les économies; 2) la production (celles et ceux qui sont actifs économiquement et qui ne sont pas engagés dans des activités à caractère social); 3) l’engagement politique (celles et ceux qui ne votent pas ou n’appartiennent pas à une organisation politique) et 4) les interactions sociales (celles et ceux qui n’ont personne pour leur offrir du soutien [écoute, réconfort, aide lors d’une crise], personne avec qui relaxer ou personne qui les apprécie vraiment). Un autre groupe de recherche de Bristol a conduit une enquête sur la pauvreté et l’exclusion sociale (SILVER, 2007).

« L’exclusion sociale est donc un concept très large englobant une multitude de situations. Elle se traduit non seulement par un manque de moyens matériels, mais également par une incapacité à prendre part à la société aux points de vue social, économique, politique et culturel. De l’exclusion, il en existe donc plusieurs formes et à divers degrés. Toutefois, pour l’exercice auquel nous souhaitions nous livrer, il a été clairement établi, dès le départ, que ce sont les formes de l’exclusion sociale qui sont liées à la pauvreté qui seraient retenues. »

Définition:

« L’exclusion sociale est le résultat d’un ensemble de processus économiques, politiques, institutionnels, culturels, souvent interdépendants et cumulatifs, qui mettent des personnes ou des groupes à part dans la société.

« Quand l’exclusion sociale et la pauvreté se conjuguent, elles peuvent se renforcer mutuellement au fil du temps. L’exclusion sociale associée à la pauvreté peut se traduire notamment par des possi­ bilités limitées pour les individus (et conséquemment pour leur famille et leur communauté) de maintenir leur autonomie économique, tout en affectant l’intégrité de leur identité sociale, leur santé, leur éducation, leur participation au marché du travail ainsi qu’aux réseaux de relations sociales et familiales. Ces conséquences peuvent à leur tour entraver la sortie de pauvreté.

« Les mécanismes de l’exclusion sociale peuvent être corrigés par une action collective et par des politiques publiques. »

CHAPITRE 3

Résultats des recherches:

Avant toute chose, nous pouvons affirmer que la définition opérationnelle proposée en début de projet « tient la route ». Confrontée à l’expérience de personnes en situation de pauvreté, elle n’a pas eu à être remise en question. C’est pourquoi nous pensons, sans l’idéaliser, que cette définition permet de faire un pas de plus dans la compréhension et la connaissance de l’articulation de l’exclusion liée à la pauvreté. Ceci constitue un des résultats importants de cette recherche.

Pour le reste, nous présentons ici les résultats à partir de différentes dimensions de la vie touchées par l’exclusion sociale. Cette classification nous permet de couvrir la variété des situations comprises dans le phénomène de l’exclusion sociale liée à la pauvreté :

~ Les conditions matérielles;

~ Le logement;

~ La santé;

~ Le travail et l’emploi;

~ L’éducation;

~ Les réseaux (personnels et institutionnels/organisationnels).

Pour le reste, nous présentons ici les résultats à partir de différentes dimensions de la vie touchées par l’exclusion sociale. Cette classification nous permet de couvrir la variété des situations comprises dans le phénomène de l’exclusion sociale liée à la pauvreté :

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Dans la prochaine section du rapport, nous documenterons chacune des dimensions à partir des éléments soulevés par les participants et participantes lors des ateliers. De nombreux indicateurs sont ressortis comme étant des indicateurs pour mesurer une facette du phénomène de l’exclusion sociale. Pour le moment, nous les avons presque tous conservés. Il sera nécessaire, pour la suite du projet de recherche, de soumettre ces indicateurs à l’épreuve de la réalité, de les cerner avec rigueur et fiabilité et de savoir s’ils mesurent réellement ce que nous souhaitons mesurer.

3.1 les dimensions de l’exClusion soCiale

L’exclusion touche différents domaines de la vie des personnes et à différents degrés. Pour plusieurs, l’exclusion, c’est se sentir en marge, ne pas être dans la norme : « Pour moi, l’exclusion, me sentir exclue, c’est un peu ne pas pouvoir avoir accès à des choses que toute personne dite normale a accès » (participante à

l’atelier B). L’exclusion est souvent partielle, rarement totale : « C’est des petites choses auxquelles on n’a pas accès, qu’on peut pas se permettre dans la vie de tous les jours qui nous empêchent, dire qu’on fait partie de la société » (participant à l’atelier B). Il peut s’agir d’une accumulation de désavantages dans plusieurs de ces domaines ou bien d’un événement qui déclenche un processus dont la finalité est l’exclusion.

Dimension 1 : Conditions matérielles

Cette dimension touche principalement la situation de pauvreté vécue par les participants et partici­ pantes, du manque de ressources matérielles et financières et du manque de capacités que cette pauvreté implique.

Quand les ressources financières disponibles sont très limitées, il est difficile de répondre à tous ses besoins. Les personnes en situation de pauvreté doivent régulièrement choisir parmi certains besoins essentiels, se voyant dans l’incapacité de tous les combler. « Est­ce que je me paye une attelle à 30 $ et je coupe ça dans mon épicerie ou bien je m’en passe » (participante à l’atelier B)? Le manque d’argent cause ainsi la précarité des conditions matérielles en privant les personnes de la possibilité, par exemple, d’avoir une alimentation saine et suffisante (manger de la viande, des fruits et des légumes), et un habillement adéquat (adapté aux différentes saisons), ainsi que de pratiquer des sports et d’avoir des loisirs.

Dimension 2 : Logement

Le logement est une préoccupation cruciale pour les personnes en situation de pauvreté. En effet, trouver un logement décent et abordable représente souvent tout un défi. Or, un ménage qui habite un logement convenable et qui accorde une part acceptable de son revenu à celui­ci peut se concentrer sur d’autres aspects de la vie comme l’alimentation, l’éducation et la santé.

Plusieurs études ont montré que le logement constitue le principal poste de dépenses dans le budget des ménages en situation de pauvreté. Nombreuses sont les personnes qui ont rapporté avoir eu des difficultés à se trouver un logement. Plusieurs sont confrontées au fait de ne pas avoir le choix du logement et de devoir prendre ce qu’on accepte de leur louer, ce qui implique parfois un logement trop cher, en mauvais état, voire insalubre ou inadéquat, au détriment de leurs conditions de vie. Le rapport de la Commission itinérante sur le droit au logement (2012) est très éloquent à cet égard, soulignant que :

« La nécessité d’avoir un toit exerce une pression énorme sur les plus démunis et conduit directement à des situations d’exploitation manifeste. […] Le nombre de personnes devant consacrer une très grande partie de leurs revenus à leur logement est important et en augmentation partout où la Commission a siégé. Une fois le loyer payé, il reste bien peu d’argent pour les autres besoins essentiels.

L’appauvrissement des personnes touchées est alors instantané. Au­delà du stress évident que génère cette situation, il y a l’humiliation de vivre aux crochets des autres, d’avoir toujours à demander, d’attendre un sac de nourriture ou une distribution de vêtements » (p. 13).

De plus, il existe beaucoup de préjugés au sujet des personnes en situation de pauvreté : « […] Si t’es une pauvre ou un pauvre, tu peux te contenter de peu. Alors, que ce soit n’importe où, n’importe quand, en autant que t’as une place pour crécher, lesgens ont cette mentalité­là. Alors, ils vont t’offrir n’importe quoi, n’importe comment. C’est pas parce que t’es pauvre que t’as pas une intégrité puis une dignité »

Les préjugés des propriétaires à l’égard de certaines catégories de personnes (notamment les assistés sociaux, les mères monoparentales, les Autochtones) semblent être une barrière importante à l’accès à des logements convenables : « Quand vient le temps des déménagements, bien, m’a te dire si y a un obstacle à être capable de se louer un logement, c’est bien d’être à l’aide sociale. […] un des gros, gros défis, c’est de se trouver un logement, puis d’avoir un propriétaire qui a pas de préjugés »

Puisque l’accès au logement social est souvent long, l’allocation­logement est une autre forme d’aide qui peut venir combler des besoins de base pour les personnes en situation de pauvreté. Toutefois, à l’heure actuelle, l’accès à ce programme est également assez limité en raison du seuil de revenu.

Les logements sociaux représentent donc, pour plusieurs, l’occasion d’avoir une vie décente en accordant un montant raisonnable du budget au logement, ainsi que des conditions d’accès plus équitables pour tous. Malgré quelques commentaires négatifs au sujet des habitations à loyer modique (pas le choix du lieu de résidence, conflit entre Québécois et immigrants, ambiance négative), la plupart des personnes voient comme une chance le fait de pouvoir avoir accès à un logement social. Le temps d’attente est toutefois souvent très long. La majorité des participants et participantes s’entend sur le fait que l’accès au logement social devrait être plus facile et plus rapide.

En matière d’aide au logement, il a également été souligné que le seuil de revenu utilisé pour donner accès au programme Allocation­logement est très bas et certaines personnes qui n’y ont pas accès auraient besoin de cette allocation pour joindre les deux bouts :

Dimension 3 : Santé

Il est beaucoup plus facile d’agir sur sa vie et sur son environnement quand on est en bonne santé. Vivre dans la précarité affaiblit l’état de santé physique et mentale.

Il est difficile d’adopter de saines habitudes de vie, de se maintenir en bonne santé et de répondre à tous ses besoins liés à la santé quand on est en situation de pauvreté.

Un mauvais état de santé peut être le résultat du processus d’exclusion dans différents domaines de la vie, mais il peut également, en lui­ même, mener à des situations d’exclusion.

De plus, avoir de saines habitudes de vie nécessite certaines ressources financières. Or, les personnes en situation de pauvreté doivent faire des choix qui ne sont pas toujours les meilleurs pour leur santé. Par exemple, en ce qui a trait à l’alimentation, plusieurs nous ont men­tionné opter pour la quantité de nourriture plutôt que pour la qualité. C’est une stratégie de survie, une manière de s’assurer qu’elles auront suffisamment de nourriture pour le mois.

Ceux­-ci étant souvent dispendieux, plusieurs personnes n’ont pas les moyens de pratiquer une activité physique ou un sport, malgré leur désir de se tenir en forme. Il est en de même pour les loisirs, qui sont souvent mis de côté malgré le fait qu’ils leur permettraient de préserver une bonne santé mentale.

La plupart n’ont de moyens financiers que pour répondre à leurs besoins de base. Dans ces conditions, il est difficile de prendre part à la société, d’être actif socialement et de s’impliquer dans des démarches d’intégration en emploi, de retour aux études, etc.

Pour les personnes ayant des problèmes de santé, la situation est encore plus préoccupante. L’argent investi dans les soins de santé est souvent de l’argent en moins pour le budget nourriture du mois. Certains choisiront donc de renoncer à la médication et de vivre avec les conséquences. C’est le cas d’une personne qui a raconté avoir cessé de prendre ses médicaments quand elle a quitté l’aide sociale pour retourner sur le marché du travail (sa médication n’était plus entièrement couverte par l’assurance médicaments).

Le manque d’argent entraîne parfois de lourdes conséquences sur la vie des personnes : « C’est sûr que, si je mange pas, il y a des médicaments qu’il faut que je prenne en mangeant. Je les prends pas quand je mange pas. Mais c’est pour ça que je te dis, mon équilibre est fait à partir de telle, telle, telle affaire. Si je saute un repas, je saute la médication. Donc mon état s’en ressent »

La majorité des parents rencontrés ont affirmé offrir en priorité les soins nécessaires à leurs enfants avant de penser à eux­mêmes : « […]

j’ai beaucoup de réparations au niveau de mes dents, puis je souffre le martyre souvent, puis je gobe des pilules parce que c’est ma fille qui va passer avant moi au niveau du dentiste et ces choses­ là, parce que, rendue à l’âge qu’elle a, là, on paie maintenant pour elle. C’est 10 ans maximum. […] si j’ai un choix à faire, c’est les dents de ma fille qui vont passer avant les miennes »

Il est important de souligner l’angoisse et la détresse liées à la situation constante de manque que vivent ces personnes : « Moi, je voulais parler du stress que c’est de jamais avoir un sou pour faire face aux imprévus […] personnellement j’en ai développé des obsessions. J’ai toujours peur que mon frigo lâche… que ma laveuse lâche […] »

Leur état de santé mentale est constamment mis à l’épreuve. Plusieurs attribuent le fait de ne pas être en bon état de santé (mentale) au fait de vivre dans la précarité. Différentes situations (divorce, perte d’emploi, diagnostic de maladie mentale, etc.) ont amené les personnes à vivre de la précarité et cette dernière est accentuée par la faiblesse de leurs moyens financiers. La capacité d’agir sur sa vie est également directement touchée par l’état de santé mentale des personnes.

Pour la plupart, la maladie mentale et l’angoisse liée à leur situation de précarité représentent autant de barrières supplémentaires à surmonter pour se sortir de l’exclusion.

La maladie est parfois un facteur d’exclusion, notamment quant vient le temps de se trouver un emploi.

En effet, certains processus d’embauche sont discriminatoires :

Dimension 4 : Travail et emploi

Le travail offre différents avantages (revenus, protection sociale, socialisation, etc.) susceptibles de favoriser l’intégration sociale. Toutefois, selon plusieurs des participants et participantes rencontrés, la croissance des emplois atypiques ou précaires et les exigences du marché du travail affaiblissent cette relation entre l’intégration et le travail.

Ainsi, presque paradoxalement, bien que, pour plusieurs, il demeure le principal mode d’intégration sociale, le travail peut également parfois donner lieu à des situations d’exclusion.

Les obstacles à l’intégration au marché du travail sont majeurs.

Pour plusieurs des personnes rencontrées, l’intégration sociale passe par le travail. Le travail procure un certain statut. Il permet de conserver des liens sociaux réguliers, de renforcer l’estime de soi, etc. Sans travail, le risque d’exclusion est plus grand :

« Fait que, t’sé, pas de travail, tu t’exclues parce que, au travail, tu restes en contact avec la réalité de la vie ».

Toutefois, les obstacles à l’intégration au marché du travail sont nombreux :

« La difficulté […] c’est l’insertion et l’insertion, ça ne peut se faire que par le travail. […] c’est ce qu’on a choisi parce qu’on a fait l’immigration économique »

Les coûts, réels ou non, d’un retour au travail pour une personne sur l’aide sociale semblent être un obstacle important. Tout d’abord, les coûts liés à la recherche d’emploi sont autant d’argent en moins pour les autres besoins à combler :

« Si t’as pas d’argent pour manger jusqu’à la fin du mois, vas­tu prendre de l’argent pour essayer de te trouver une job »

Ensuite, plusieurs participants et participantes ont mentionné hésiter à retourner sur le marché du travail, car ils n’auraient plus les avantages sociaux liés à l’aide sociale. Certains sont prêts à assumer ce risque, car ils jugent qu’être sur le marché du travail est plus gratifiant qu’être sur l’aide sociale.

Toutefois, ce ne sont pas toutes les personnes qui sont prêtes à prendre ce « risque ».

Les conditions du marché du travail ne sont pas attrayantes pour tout le monde. En effet, les revenus d’une personne qui ne peut accéder qu’à un emploi au salaire minimum sont insuffisants pour couvrir toutes les dépenses, notamment les médicaments et les frais liés au fait d’être en emploi (entre autres, l’habillement et le transport).

Une personne raconte qu’elle a eu une opportunité de travail au sein d’un organisme communautaire à côté de chez elle :

« Bien, si moi, comme quand j’ai commencé, quand j’ai commencé à faire mes recherches d’emploi, si j’aurais pas eu ici […] j’avais calculé qu’aller travailler à l’extérieur, qu’il faut que je prenne le transport en commun, qu’il faut que je paie les passes d’autobus, en tout cas, au salaire minimum, bien, il me restait 70 dollars par semaine clairs. Pas d’épicerie »

Certains multiplient les stratégies pour y arriver :

« parce que, même si j’ai deux travails, j’arrive pas à m’en mettre de côté, puis j’arrive pas à avoir une vie sociale convenable »

De plus, la conciliation travail/famille est un obstacle important à l’intégration au marché du travail. Parmi les raisons les plus fréquemment évoquées, nous trouvons notamment le fait d’avoir un enfant avec des problèmes de santé, des difficultés de comportement ou un handicap et les horaires atypiques.

Par exemple, avoir un enfant qui présente des troubles de comportement nécessite beaucoup de disponibilité de la part des parents afin qu’ils puissent assister aux rendez­vous de suivi, l’accompagner dans ses déplacements ou le garder à la maison lorsqu’il est suspendu de l’école ou de la garderie.

Cela implique donc d’avoir un horaire flexible ou d’avoir un très bon réseau de soutien. Or, ces conditions ne sont pas données à tous.

Les familles monoparentales font face à cette réalité plus difficilement. Une mère nous a raconté son expérience sur le marché du travail :

« Avoir perdu deux fois des jobs, avoir tout perdu, justement tomber à terre, faire une dépres­sion, parce que tu perds tout ce que t’as, j’ai dit : “Ben, là, un moment donné, il fallait que je trouve un moyen de dealer avec […] les garderies, l’enfant à problème, les téléphones, les rendez­vous.” Bien, j’ai dit : “Pars à ton compte.” Je suis partie à mon compte, ça va faire quatre ans. Puis il y a pas personne qui me dit que j’ai pas le droit de quitter à 4 h, puis il y a personne qui me dit que j’irai pas au rendez­vous, puis il y a personne qui va me couper ma paie »

Dans un autre ordre d’idées, le marché de l’emploi est avare d’emplois adaptés aux personnes qui présentent certaines difficultés (handicap, problème de santé mentale).

En exigeant performance et rendement, le marché du travail exclut certaines personnes, qui auraient beaucoup de potentiel, mais qui répondent moins bien à ces deux critères :

« Parce que, moi, ça fait 25 ans que je travaillais, puis ça fait neuf ans que je suis malade, puis j’ai essayé cinq fois une job, des jobs, mais ils disaient : “T’es trop lente, t’as…” Ils acceptent, mais ils comprennent pas qu’on est plus lente, qu’on n’a pas la même ténacité dans le travail. Il faudrait qu’ils comprennent plus ».

Ce ne sont pas tous les employeurs qui sont ouverts et sensibles à cette réalité.

Certaines personnes ont été propulsées dans l’exclusion à la suite de la perte d’un emploi. C’est le cas d’une personne qui a perdu son emploi après deux diagnostics liés à sa santé mentale et à sa santé physique et qui ne peut plus travailler dans son domaine (celui de la santé) à cause de la maladie :

« […] je trouve ça quand même difficile, là, parce que […] j’avais déjà ma vie professionnelle, mon auto, mon appart. neuf. T’sé, j’étais partie, là. Ça fait comme pfuit! T’sé, c’est quand même toujours difficile à accepter, là. Puis je pense pas me rendre au même niveau que j’étais avant, mais j’essaie de faire autre chose, là, mais, t’sé, je serais pas capable de retourner à l’école parce que j’ai des problèmes de concentration »

Dimension 5 : Éducation

Dimension 6 : Réseaux

Afin de comprendre les mécanismes de l’exclusion sociale, il est nécessaire de s’attarder aux différentes ressources personnelles, organisationnelles et institutionnelles qui gravitent autour de la personne. La quantité et la qualité du soutien social en disent long sur l’enracinement dans l’exclusion. Le problème de l’accès à des ressources, organismes, institutions peut également être observé quand on s’intéresse au manque de soutien, à la désaffiliation. Cette dimension a été divisée en deux sous­ dimensions :

1- Le réseau personnel

2- Le réseau institutionnel/professionnel.

1-Réseau personnel

Le réseau personnel comprend tout ce qui touche la relation avec les proches, l’image de soi et le rapport à l’environnement.

Il est important de s’y intéresser, car le soutien social permet de pallier certains manques et aide l’individu à surmonter les difficultés plus facilement.

Le fait d’avoir ou non un bon réseau social peut être déterminant dans la vie des personnes. Le soutien social apporté par les amis ou la famille peut être d’ordre moral, affectif ou financier.

Il est important de s’intéresser non seulement au nombre de personnes qui composent le réseau, mais également à la qualité de celui­-ci, c’est-­à-­dire au soutien réel qu’apporte l’entourage de la personne.

Il faut aussi prendre en considération que, malgré la présence de personnes sur qui on peut compter, il y a la gêne et la honte de demander de l’aide :

« […] je suis tellement mal à l’aise des fois quand je va lui demander quelque chose [à ma mère] que, regarde, j’aime mieux pas lui demander, puis m’en priver « .

Plusieurs raisons peuvent expliquer la faiblesse du réseau social des personnes rencontrées, notamment les préjugés et l’incompréhension des autres à l’égard d’une situation (santé mentale, aide sociale).

D’autres ont choisi de s’exclure elles­-mêmes.

L’isolement social est un facteur qui renforce l’exclusion sociale.

2-Réseau institutionnel/professionnel

La sous­ dimension du réseau institutionnel/professionnel comprend tout ce qui a trait au recours aux institutions, aux problèmes d’accès à celles -­ci ainsi que la participation à des organismes.

L’accès à des services ainsi que la participation à des organismes renforcent la capacité d’agir des personnes en leur donnant des outils supplémentaires pour faire face à leur situation de précarité.

Nous avons été à même de constater l’importance des organismes communautaires dans la vie des personnes (soutien moral, financier, alimentaire, etc.).

Le recours à des organismes est un facteur de survie et d’inclusion sociale L’image de soi est constamment mise à l’épreuve pour les personnes qui vivent en situation de pauvreté et cela influence leurs comportements.

Le problème de l’accès aux services etaux institutions est réel, notamment en ce qui a trait au temps d’attente, aux coûts des services et aux modes de communication.

Il a été mentionné à plusieurs occasions que le temps d’attente pour avoir accès à des services est long, ce qui entraîne fréquemment une aggravation de l’état de santé physique ou psychologique.

Cette situation fait en sorte que les personnes hésitent à aller demander de l’aide, notamment au centre local de services communautaires (CLSC)

La spirale de l’exclusion et le cumul des désavantages

Il existe différentes façons de concevoir et d’analyser l’exclusion.

La tenue des ateliers nous a permis de mettre en lumière de multiples facettes de ce phénomène. De ces dernières, nous pouvons main­tenant affirmer que, au­delà des caractéristiques individuelles qui constituent incontestablement, et malheureusement, un terreau des plus fertiles, les mécanismes précipitants sont coriaces, féroces.

C’est ce que nous appelons, comme d’autres avant nous, la « spirale de l’exclusion ».

En effet, nous avons constaté, à travers le récit des participants et participantes, qu’il n’est pas rare qu’un seul événement déclencheur précipite un individu dans l’exclusion.

Nous avons pu déterminer certains facteurs de vulnérabilité, tels que la séparation, la maladie mentale et physique ou le non­ accès à la bonne ressource au bon moment, qui semblent déterminants et qui peuvent, à eux seuls, précipiter les individus dans la précarité.

Jumelés à la pauvreté, ces facteurs entraînent les personnes dans de profondes situations d’exclusion.

À l’inverse, d’autres facteurs peuvent être assez puissants pour renverser cette spirale et entraîner une personne vers la sortie de l’exclusion.

Par exemple, une personne orientée au bon moment vers des ressources adaptées et adéquates peut être accompagnée hors de l’exclusion.

Nous avons ren­contré plusieurs participants et participantes pour lesquels une personne ou un organisme a été déterminant dans leur parcours de vie, illustrant ainsi le fait qu’il est également possible de faire une différence, de renverser cette spirale de l’exclusion.

Toutefois, au­delà des renversements de tendances, d’autres tendances, très lourdes celles­là, ne semblent pas pouvoir s’inverser.

Un constat s’est vite imposé au fil des ateliers : en général, il est plus « facile » de tomber dans la pauvreté et l’exclusion que d’en sortir. Autant on peut perdre pied et «dégringoler » rapidement,autant le sentier pour sortir de l’exclusion peut être long, escarpé et tortueux.

Avec la plupart des participants et participantes aux ateliers, nous avons pu observer qu’une fois pris dans la spirale les manifestations et conséquences de l’exclusion (ex. : isolement social, détresse) s’accumulent et accroissent la vulnérabilité des personnes.

La pauvreté constitue alors un facteur supplémentaire d’enracinement dans l’exclusion puisqu’elle prive souvent de l’accès à des ressources nécessaires.

De là toute l’importance d’offrir les bons services aux bons moments.

https://www.mtess.gouv.qc.ca/publications/pdf/CEPE_Lexclusion_sociale.PDF

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